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Clubhouse : un nouveau réseau social audio

Clubhouse est un nouveau réseau social uniquement en audio. Accessible uniquement par invitation, quels en sont ses plus gros avantages ?

Les stars y sont. L’accès se fait uniquement via parrainage. La Chine l’a déjà bloquée, et l’application est valorisée plus d’un milliard de dollars. Le buzz fonctionne, la diffusion est massive avec plus de 2 millions de téléchargements pour la seule première semaine de février à en croire Sensor Tower.

Clubhouse est donc un réseau social exclusivement tourné vers les conversations audios en direct. Pour le moment uniquement disponible sur l’Apple Store, l’application qui a conquis la Silicon Valley est en passe de devenir un gros poisson.

Très régulièrement des réseaux sociaux font leur apparition et subissent un destin funeste. Certaines échouent parce leurs fonctionnalités sont copiées sans vergogne par les plus grands. D’autres ne sont achetées que pour être tuées. Souvenez-vous de Vine acquis en 2012 par Twitter pour 30 millions de dollars. Difficile de percer sur un marché aussi concurrentiel.

Mais Clubhouse a percé, au moins temporairement, grâce à une vague de soutien de certains des plus grands noms de la Silicon Valley et à un afflux d’autres communautés à travers le monde, y compris des créateurs noirs, les fans de cryptomonnaies, les magnats de la génération Z en devenir, les agents musicaux, les gourous de l’entraide et les amateurs de joutes oratoires.

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Qu'est-ce que Clubhouse ?

Clubhouse est une application gratuite de médias sociaux basée sur la voix où les gens discutent de sujets prédéterminés ou de tout ce qui leur passe par la tête dans des « salles », en ce sens très similaire à Discord. C’est un peu comme si vous étiez dans un appel Zoom semi-public avec toutes les caméras éteintes, et que vous aviez parfois du mal à suivre qui parle.

Les types de salles sont potentiellement infinis, mais le format même de Clubhouse – des voix essayant de tenir une conversation sans se dissoudre dans un chaos criard – signifie que les salles les plus populaires sont souvent incarnés par quelques personnes tenant le crachoir devant une foule silencieuse (maximum 5000 personnes).

C’est une sorte de mélange entre une conférence TEDx, un podcast conversationnel, avec d’un côté le désordre que l’on peut connaître lors d’une réunion communautaire animée, et de l’autre la « magie du direct » exactement comme lors d’une émission de radio en live.

De nombreux types de publics ont déjà investit la plateforme : artisans, auteur-compositeurs, personnes demandant comme survivre à une avalanche…) . Les prétextes sont nombreux pour passer le temps en écoutant des personnes intéressantes parler de sujets qui vous tiennent à cœur, souvent sans aucune pression pour participer.

Les utilisateurs peuvent passer d’une conversation plus sérieuse et traditionnelle sur des sujets qui les intriguent à une autre ou tester différents formats de Clubhouse. Certains assimilables à des concerts, d’autres sont organisés comme des speedating à l’ancienne.

 À une époque où beaucoup de gens se sentent isolés, une cacophonie d’étrangers bavardant, chantant et même polémiquant peut-être réconfortant.

Comment cela fonctionne-t-il ?

A l’heure où j’écris ces lignes, Clubhouse est uniquement disponible sous forme d’application iOS et les salles ne sont pas accessibles pour des appareils Android ou sur un navigateur.

Pour l’instant, Clubhouse est uniquement accessible sur invitation, ce qui signifie que vous devez connaître un utilisateur existant pour utiliser l’application. Côté modèle économique, les utilisateurs doivent donner à l’application l’accès à leur liste de contacts iOS pour envoyer des invitations. Vous connaissez déjà la chanson.

Contrairement à Twitter ou à un groupe Facebook, les salles du Clubhouse ne sont pas entièrement gratuites. Elles ressemblent davantage à des conférences téléphoniques, avec un groupe de personnes jouant le rôle de modérateurs sur une scène virtuelle.

Les modérateurs, qui peuvent s’exprimer librement, peuvent également faire appel aux membres du public qui souhaitent participer. Vous pouvez savoir qui parle en cherchant un subtil halo gris autour de la photo d’un participant. N’importe qui peut ouvrir une salle et la configurer pour qu’elle soit « ouverte », ce qui signifie que n’importe quel autre utilisateur peut y entrer. Une salle « sociale » signifie que seules les personnes que vous suivez peuvent s’y joindre. Et « fermée » signifie que seuls les invités peuvent y entrer. L’application dispose également de « clubs », qui peuvent créer des salles récurrentes et avoir des membres.

Vous pouvez suivre les personnes ou les clubs pour savoir quand ils animent ou participent à des salles. Cliquez sur l’icône du calendrier, et vous pouvez voir une liste suggérée ou non filtrée des salles qui sont ouvertes à un moment donné. Visuellement, l’application n’est pas très aboutie (beaucoup de profils trop longs, des rangées de visages de personnes), ce qui est logique étant donné qu’elle se concentre sur l’audio. Il n’y a aucun moyen de supprimer un compte dans l’application ou en ligne, mais vous pouvez envoyer un mail à l’entreprise pour demander la suppression. On suppose que des prochaines mises à jour corrigeront tout cela.

Qui est sur l'application ?

Elon Musk a déclenché une frénésie de fanboys fin janvier lorsque le patron de Tesla et SpaceX a fait ses débuts au Clubhouse en tant qu’invité vedette d’une émission nocturne sur la technologie et la culture. Presque instantanément, les « couloirs » de Clubhouse – l’équivalent de l’écran d’accueil de l’application pour le fil d’actualité sur Facebook ou la timeline sur Twitter – se sont transformés en un bazar de salles offrant un divertissement d’avant-match ou autant d’autres endroits pour écouter Musk en temps réel, alors que la salle principale atteignait inévitablement la limite des 5 000 personnes de Clubhouse. Un peu comme quand un stade est plein pour un match et que tous les bars autour se remplissent.

Mark Zuckerberg est apparu dans la même émission la semaine suivante, mais le PDG de Facebook a inspiré beaucoup moins de tapage et la salle a du fermée à cause de problèmes techniques côté serveur. Les deux titans de la technologie sont cependant arrivés un peu en retard à la fête. Oprah Winfrey, Drake, Chris Rock, le designer Virgil Abloh, la comédienne Tiffany Haddish, Van Jones de CNN, le rappeur 21 Savage et Mark Cuban de « Shark Tank » étaient déjà présents sur l’application.

La semaine dernière, Lindsay Lohan est venue parler de son séjour à Hollywood avec Perez Hilton. Le week-end dernier, l’acteur Daniel Dae Kim et Lisa Ling, de CNN, ont animé une salle pour sensibiliser le public à la montée de la violence contre les Américains d’origine asiatique, le jour même où Brad Parscale, ancien conseiller de la campagne Trump, a parlé de la stratégie républicaine et de la possibilité que Donald Trump Jr. rejoigne Clubhouse.

Mais il se pourrait bien que la pérennité de l’application provienne des utilisateurs ordinaires. Ce week-end, certains utilisateurs en Chine continentale, à Hong Kong et à Taïwan ont attendu des heures pour parler des camps de détention ouïgours et de l’indépendance de Taïwan. Lundi, le gouvernement chinois avait bloqué l’application, ainsi que les recherches de « Clubhouse » sur des applications telles que Weibo.

Pourquoi est-ce que ça devient important maintenant ?

Clubhouse doit son essor rapide à quelques hack de croissances éprouvées – déployées par les fondateurs de la start-up pour stimuler les téléchargements et fidéliser les utilisateurs – et dans un timing parfait. L’application a été lancée en mars 2020, au moment où les confinements un peu partout autour du globe ont coupé les interactions entre les personnes, ainsi que l’accès aux événements et aux divertissements.

Certains des premiers utilisateurs, tels des alpha testeurs de la période d’or des MMORPG, prêts à passer des heures sur une application en panne, sans aucune stimulation visuelle autre que le clignotement des avatars, étaient sans doute à la recherche d’un heureux hasard et d’une connexion humaine en pleine pandémie. Mais la décision de Clubhouse de construire sa croissance autour d’un modèle seulement sur invitation a également attiré les initiés de la Silicon Valley, qui ont utiliser l’application comme un espace sûr pour parler à leurs pairs.

Le fonds d’investissement Andreessen Horowitz a évalué la société à 100 millions de dollars alors qu’elle n’avait que quelques mois, qu’elle comptait moins de 5 000 bêta-testeurs et qu’elle demandait aux utilisateurs potentiels de s’inscrire via un formulaire Google pour attendre une invitation, relate le magazine économique Forbes.

Certains des partenaires de l’entreprise ont également aidé Clubhouse à attirer son autre cible : en faisant venir des créateurs noirs, des artistes et d’autres personnes avant-gardiste dans le secteur culturel, selon des articles du Wall Street Journal et de CNBC. La société a récemment mis en place une stratégie visant à payer potentiellement certains créateurs pour leur contenu, en prenant exemple sur TikTok et Snap.

L’application se développe également à l’étranger. Clubhouse a été téléchargé 5,5 millions de fois dans le monde, avec environ 42 % des téléchargements aux États-Unis, 16 % au Japon et 10 % en Allemagne, toujours selon Sensor Tower.

Quels sont les problèmes auxquels elle est confrontée ?

Clubhouse est à un stade délicat de sa jeune vie. Il attire l’attention et les auditeurs, mais aussi la surveillance accrue qui s’ensuit lorsqu’un afflux massif d’utilisateurs rencontre des politiques de modération peu claires. Les dirigeants de l’entreprise ont été critiqués pour ne pas avoir investi de ressources dans la lutte contre le harcèlement ou les discours haineux. L’entreprise permet désormais de signaler des personnes spécifiques dans un rapport d’incident, mais ne précise pas combien de personnes ni quels systèmes automatisés elle a consacrés à la modération.

Les utilisateurs, en particulier les femmes et les personnes de couleur, ont fait part de leurs préoccupations concernant l’antisémitisme, le misogynisme, la cyberintimidation, la diffusion de fausses informations sur le covid-19 et le harcèlement. Clubhouse affirme que tout discours haineux et toute intimidation sont contraires à ses lignes directrices communautaires.