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L’Ethereum réussit sa transition écologique

La façon dont sont créées et partagées les cryptomonnaies diffère, mais reste généralement demandante en ressources. Cette mise à jour de l'Ethereum a pour but de changer cela.

L’Ethereum, seconde cryptomonnaie la plus échangée au monde, repose comme la plupart de ses consœurs sur un modèle de fonctionnement décentralisé et très demandeur en énergie. Mais tout cela vient changer après la réussite de « The Merge », le nom donné à cet événement consistant en un changement de fonctionnement pour la monnaie.

Qu’est-ce que ce changement implique pour l’avenir de l’Ethereum et du reste des cryptomonnaies en général ? Nous allons revenir sur ce qui fait de cet événement une petite révolution.

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Principe de fonctionnement de l’Ethereum (et d’autres cryptomonnaies)

En quoi consiste « The Merge » ?

Quel avenir pour l’Ethereum et les autres cryptomonnaies ?

Principe de fonctionnement de l'Ethereum (et d'autres cryptomonnaies)

Il se peut que le concept de « cryptomonnaie » ou de « blockchain » vous soit encore étranger, aussi nous allons faire un résumé de cette technologie, son fonctionnement et ce qu’elle implique.

Une cryptomonnaie est une monnaie décentralisée (qui ne dépend pas d’une agence gouvernementale ou d’une banque centrale pour approuver les transactions) généralement créée sur Internet, dont la valeur est régie par l’utilisation et la « croyance » de ses utilisateurs (une monnaie qui a l’air peu fiable et qui n’est pas beaucoup échangée aura peu de valeur, et vice-versa), et dont le fonctionnement repose sur la « blockchain ».

La blockchain est une sorte de « livre de compte » global et public, dans lequel toutes les transactions de tous les utilisateurs de la monnaie sont inscrites les unes à la suite des autres, et sont donc immuables. Cette blockchain fonctionne grâce à la puissance de calcul de machines que des utilisateurs mettent à son service (souvent des cartes graphiques, parfois une seule, parfois des hangars entiers de cartes), et les transactions s’inscrivant dedans sont alors constamment vérifiées. Les utilisateurs qui fournissent de la puissance de calcul pour « faire tourner » la blockchain sont rémunérés en cryptomonnaie pour leur service : c’est ce qu’on appelle le « minage ».

La première cryptomonnaie a avoir vu le jour avec ce fonctionnement est le désormais célèbre Bitcoin, mais d’autres ont suivi le pas d’année en année, à mesure que la technologie et sa fiabilité eurent gagné leurs lettres de noblesse, permettant d’avoir en sa possession une monnaie parallèle « libre » et indépendante, traçable en toute circonstances, et que l’on pouvait même recevoir en échange de la puissance de sa machine. L’une de ces autres monnaies, et celle qui nous intéresse aujourd’hui est l’Ethereum, créée en 2014 et mise en place en 2015 par le russo-canadien Vitalik Buterin, dont la capitalisation est aujourd’hui supérieure à 448 milliards d’euros. L’histoire de ces monnaies a beau être récente, elle n’en reste pas moins dense et très fluctuante, et n’importe quel changement positif ou négatif à leur sujet peut les faire vaciller de façon significative et impacter fortement leur valeur.

L’une des faiblesses bien connues de cette technologie est son coût en ressources énergétiques. En effet, utiliser de la puissance de calcul (en général à sa puissance maximum) pour faire tourner la blockchain nécessite une quantité très importante d’électricité. Quant au matériel qui utilise cette électricité, il est généralement utilisé à son plein potentiel sans interruption, générant de la chaleur qui doit être évacuée ou supprimée grâce à de la climatisation (polluante).

Les cartes graphiques elles, tournent donc 24h/24 et 7j/7 à pleine puissance, réduisant ainsi leur durée de vie au strict minimum et devant être remplacées (les composants électroniques n’étant pas tous recyclables, et les nouvelles cartes utilisant des métaux précieux de plus en plus rares). Le tout entraînant également des pénuries de matériels et composants pour le consommateur lambda, une partie de ces cartes étant achetée par centaines par des « fermes » de production, des hangars de cartes graphiques qui tentent de se faire de l’argent via ce processus.

Bref, vous l’aurez compris, entre le fait que le fonctionnement de cette technologie dépende de la consommation de ressources et d’énergie, et que cela attise également l’appât du gain chez certains groupes, il s’agit là d’une technologie novatrice mais extrêmement polluante.

"Si Bitcoin et Ethereum étaient un pays distinct, Bitcoin et Ethereum combinés auraient la 12e consommation d'énergie la plus élevée de tous les pays, juste derrière le Royaume-Uni et la France. Ethereum nécessite plus d'énergie de traitement que les Pays-Bas, à plus de 100 TWh par an, à la fois pour extraire la monnaie et pour confirmer les transactions sur la blockchain"

"Ethereum à elle seule à la même empreinte carbone que le pays de Malte"

Le défi pour continuer à utiliser ces alternatives très énergivores est donc de modifier la façon dont fonctionne la blockchain, afin que celle-ci soit bien moins polluante. À l’heure où les énergies et leur mode de production sont constamment redébattues pour lutter contre le réchauffement climatique, il s’agit là du prochain défi de cette technologie, et le pas vient d’être franchi du côté d’Ethereum.

L’énergie est un enjeu majeur des années à venir, que ce soit pour les particulier ou les grandes entreprises et industries.

C’est justement le sujet de notre prochaine conférence du 29 septembre 2022 où nous recevrons deux intervenants issues d’industries qui cherchent des solutions pour cette transition énergétique, et pour réduire le prix de la facture à la fin du mois.

Pour s’inscrire et participer à cette conférence, suivez ce lien !

En quoi consiste "The Merge" ?

« The Merge » (littéralement « La fusion » ou « L’unification ») est le terme employé par l’entreprise d’Ethereum pour désigner l’unification de leur modèle de fonctionnement de blockchain actuel avec un autre : le « Proof-of-work » allié au « Proof-of-stake », censé réduire la consommation énergétique de 95,99%.

Afin de bien comprendre en quoi ce changement apporte des solutions, mais soulève aussi de nouvelles problématiques, il est important de comprendre en quoi consistent ces deux modèles et cette fusion.

Proof-of-work

La grande majorité des cryptomonnaies fonctionnent selon ce modèle, y compris le Bitcoin.

Pour ajouter un bloc à la chaîne (ou une transaction de plus au « livre de comptes » qu’est la blockchain), les machines se servent de leur puissance de calcul pour résoudre une sorte de « puzzle ». Les mineurs sont donc en compétition pour résoudre cette énigme, dépensent de l’énergie, et seul l’un d’entre eux se verra récompensé. L’énergie utilisée par les autres utilisateurs aura donc été « gâchée ».

Le modèle « Proof-of-work » assure donc la validité des transactions sur le fait que ces « puzzles » soient résolus et qu’un nouveau bloc ait été ajouté à la chaîne. Cela empêche toute tentative de suppression ou de modifications d’informations, mais a en revanche un coût énergétique très important pour valider ces dernières.

Proof-of-stake

Ce modèle repose davantage sur un « pari » que sur la « résolution d’un défi informatique ».

Le « Proof-of-stake » (pour « Preuve de participation/de propriété ») fonctionne grâce à un plus petit groupe d’utilisateurs (et pas l’entièreté des mineurs désirant échanger leur puissance de calcul contre de la cryptomonnaie) nommés les « validateurs ». Ces derniers doivent, pour valider des transactions et continuer à recevoir un peu de cryptomonnaie en échange, avoir une certaine quantité d’Ethereum en leur possession, et en mettre une partie en « garantie ». S’ils se conduisent mal, ils perdront alors cette somme.

En réduisant le nombre de « vérificateurs/validateurs » et en mettant en place ce système de « caution », les créateurs de la blockchain comptent ainsi sur ses utilisateurs pour jouer le jeu afin que la blockchain puisse continuer à fonctionner, et à un coût énergétique drastiquement réduit, puisque ce système n’insiste plus n’importe qui à entrer en compétition pour tenter de gagner un peu d’argent en résolvant des puzzles.

QuaiAlpha_illustration_ethereum_proof_of_stake

Ce modèle « confisque » une part des fonds pour vous les faire perdre si vous faites n’importe quoi.

L’unification des deux modèles, entamée depuis 2016, a été effectuée dans la nuit du 15 au 16 septembre 2022, et tout semble s’être bien passé, les utilisateurs n’ayant pas de démarche spécifique supplémentaire à réaliser. Cependant, les jours et semaines à venir sont encore incertains, puisqu’un tel changement touchant au fonctionnement même de tout le système transactionnel de milliards d’euros pourrait résulter en un risque accru de bugs, hacks, et instabilité de prix.

Quel avenir pour l'Ethereum et les autres cryptomonnaies ?

Maintenant que nous sommes passés de la théorie à la pratique, il va être temps de constater si ce changement a un véritable impact sur la consommation électrique nécessaire à faire fonctionner cette blockchain. 

Et pour les autres ? Le Bitcoin est un mastodonte dont une telle fusion pourrait avoir des conséquences incertaines, et il repose quant à lui toujours sur un système « Proof-of-work ». Si l’impact environnemental s’avérait être positif grâce à cette évolution du modèle, cela pourrait avoir un vrai impact sur le prix du Bitcoin que certains utilisateurs pourraient être amenés à troquer contre de l’Ethereum.

Sachant que de plus en plus d’entreprises adoptent les cryptomonnaies, et que la valeur et la volatilité de ces dernières dépendent de ses utilisateurs, une telle décision pourrait avoir un impact positif pour continuer à les faire accepter dans les esprits des gens plus réticents ou ne connaissant pas encore cette utilisation.

Cette décision pourrait en tout cas faire passer l’Ethereum devant le Bitcoin en matière de capitalisation. Reste à voir si les conséquences sur le long terme n’entraînent pas d’effets secondaires indésirables qui pourraient mettre en péril l’avenir de cette technologie.