En Europe, chaque année nous consommons environ 169 millions d’aérosols. Ces petites bouteilles en métal dont la matière est propulsée par du gaz génèrent des déchets qu’il n’est pas si simple de recycler. L’entrepreneur Olivier Labrude a inventé le Rol’Ink, un pistolet à peinture pour marquer les surfaces. Le but ? Ne plus respirer les substances nocives des aérosols. Pictura innovation est incubé à Quai Alpha depuis deux ans et a rejoint Scal’E-Nov depuis janvier
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Sourire aux lèvres, Olivier Labrude s’installe dans son bureau à Golbey (Vosges). Sur le comptoir derrière lui, une mallette noir renferme un petit trésor : le Rol’Ink, un rouleau encreur pour marquer les surfaces avec de la peinture. Pendant plus de trois ans il a développé un pistolet à peinture 100% autonome et écologique.
Tout est parti d’un besoin de l’Office national des forêts (ONF). Un tiers des agents forestiers rencontraient des problèmes respiratoires liés à l’inhalation de produits chimiques émanant des aérosols. En effet, pour l’entretien de la forêt les agents marquent régulièrement les arbres afin de déterminer les coupes à venir. Ils utilisent beaucoup d’aérosols pour marquer des centaines d’arbres chaque année. « Nous n’avons pas choisi de travailler dans la nature pour respirer des polluants », assènent les intéressés. Il fallait donc trouver une solution pour marquer les arbres, pourquoi pas avec de la peinture, mais dans de meilleures conditions sanitaires.
Aujourd’hui, toutes les unités de France sont équipées du Rol’Ink et de son kit d’entretien. D’autres forestiers privés ont franchi le pas pour protéger la santé de leurs équipes. « Nous sommes régulièrement contactés par des entreprises de travaux aussi, pour marquer les trottoirs par exemple. Les agents ne veulent plus utiliser de produits dangereux », souligne Olivier Labrude.
Né en 1972 à Luxeuil-les-Bains, l’inventeur a grandi dans un foyer modeste, où la ténacité et le travail acharné étaient des valeurs familiales. Sa mère, comptable dans une broderie locale, et son père, chauffeur-livreur de combustibles, lui ont transmis le goût de l’effort dès son plus jeune âge. Après un parcours scolaire technique au lycée Beauregard, où il décroche un BEP et un CAP de peintre, puis de plaquiste, il décide de partir à l’armée en Allemagne en 1991, une expérience qui marquera profondément sa vie.
"L'armée m'a aidé à me structurer"
Olivier se souvient avec une clarté presque nostalgique de son passage au sein d’un régiment d’infanterie semi-disciplinaire à Donaueschingen. « Il fallait que je me fasse mater », plaisante-t-il aujourd’hui, mais l’armée lui a surtout appris la résilience, la ténacité et l’importance de repousser ses limites. Les longues marches de 100 km, les nuits passées sous la tente, la fatigue physique et mentale… Tout cela l’a préparé à affronter les défis de la vie avec une pugnacité inébranlable. « On crapahutait, on se lavait dans les rivières. C’était rude mais formateur. » Il en ressort transformé, plus solide et conscient de sa force intérieure.
Après un an sous les drapeaux, Olivier rentre en France et trouve un emploi dans le bâtiment, d’abord en Haute-Saône, puis dans les Vosges, une région qu’il adopte définitivement après s’y être installé pour raisons personnelles. Dans les Vosges, il travaille pour plusieurs artisans, mais c’est une rencontre en particulier qui va le marquer : celle avec un patron qui lui fait confiance et lui donne la responsabilité de gérer des chantiers de rénovation à seulement 25 ans. « C’était un homme de valeur, il m’a appris énormément », se souvient-il. Cette période où il jongle entre travail, famille et petits chantiers supplémentaires pour joindre les deux bouts marque un tournant dans sa vie. Malgré les difficultés, Olivier fait preuve d’un courage exemplaire, notamment lors de sa séparation, une période difficile où il se dévoue entièrement à ses trois enfants.
En 2009, un nouveau chapitre s’ouvre pour Olivier avec son arrivée chez Mat Peinture, une entreprise locale spécialisée dans la vente de peintures et la décoration intérieure. « Je suis entré comme coloriste et vendeur au comptoir, mais très vite, j’ai voulu apprendre tout ce que je pouvais. » En 2013, il s’associe avec Raphaël, un ancien peintre, pour reprendre l’entreprise. Cette nouvelle responsabilité lui permet de développer des compétences insoupçonnées, notamment dans la gestion et la relation client. Il confesse avoir découvert une véritable fibre commerciale qu’il ne soupçonnait pas : « Avant, mes seules expériences commerciales c’était les vide-greniers ! » glisse-t-il en riant. Olivier se révèle un homme de défis, toujours prêt à relever des obstacles, à innover et à se surpasser.
A l'épreuve de la nature pour renforcer le mental
Cette envie de se dépasser ne se limite pas au domaine professionnel. Passionné de triathlon, il trouve dans le sport un équilibre personnel essentiel. L’amour de la nature, qui l’accompagne depuis toujours, le pousse à se ressourcer dans les bois dès qu’il en a l’occasion, notamment le matin avant de commencer sa journée de travail. « La nature, c’est mon refuge, mon moment à moi pour réfléchir et me reconnecter », explique-t-il. Olivier, qui participe régulièrement au triathlon de Gérardmer, voit dans chaque défi sportif une opportunité d’éprouver sa détermination et de repousser ses limites.
En plus de son activité chez Mat Peinture, Olivier se passionne pour l’immobilier. Avec la création de plusieurs SCI, il a su diversifier ses investissements et assurer l’avenir de ses enfants. Dès l’âge de 30 ans, il se lance dans la rénovation immobilière, un domaine qu’il maîtrise grâce à ses compétences dans le bâtiment. « J’ai toujours voulu leur transmettre les valeurs du travail et de la réussite. » Aujourd’hui, il partage cette aventure entrepreneuriale avec ses fils, leur inculquant le même esprit de ténacité et de rigueur qui a forgé son propre parcours.
Olivier Labrude est un homme dont le parcours est marqué par la résilience et la détermination. De ses débuts modestes à la tête d’une entreprise prospère, en passant par ses défis personnels et sportifs, il incarne parfaitement la devise qu’il aime citer : « Si tu rêves, il faut rêver grand. »