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Économie : Est-ce vraiment le moment de monter sa boîte ?

Inflation, crise énergétique, instabilité géopolitique : les indicateurs ne semblent pas vraiment au vert pour se lancer dans le grand bain de l’entrepreneuriat : est-ce bien le moment de se lancer ?

Inflation, crise énergétique, instabilité géopolitique : les indicateurs ne semblent pas vraiment au vert pour se lancer dans le grand bain de l’entrepreneuriat. Si la banque de France était rassurante fin 2022 (pas plus de liquidations judiciaires, embauches en hausse, etc.), le premier semestre 2023 risque d’être moins reluisant. Ici et là des boulangeries et des restaurants ferment faute de pouvoir payer leurs factures d’électricité, multipliées par 5 voire bien plus. Des grandes entreprises ont recours au chômage partiel et d’autres préparent déjà des plans de licenciement en vue d’une baisse de la demande. Les carnets de commande étaient tellement pleins après le Covid qu’ils sont encore bien remplis, mais plusieurs chefs d’entreprise estiment que le renouvellement des commandes ralenti. Pendant ce temps-là, certains PGE courent encore et les remboursements arrivent à grands pas. Un effet ciseaux qui laisse présager un impact violent et ce à moins de quinze ans de la dernière crise économique (2008), sans parler du Covid.

Alors forcément du côté des créateurs d’entreprise ce sont moins les questions qui fusent que les doutes : est-ce bien le moment de se lancer ? Au vu des éléments précédents, peut-être pas. Mais, dans les Vosges, on aime bien vous dire qu’il faut se méfier de l’arbre qui cache la forêt.

Partons d’une phrase bien bateau (mais essayons de donner quelques arguments quand même) : les crises sont source d’opportunités. Prenez l’exemple de Salveco, pionnier de la chimie végétale basé à Saint-Dié-des-Vosges. Elle a passé plusieurs années de R&D pour fabriquer un désinfectant naturel, sans alcool et si possible non nocif pour la peau et l’organisme. Un sujet qui n’attirait peut-être pas les foules de consommateurs au départ. Pendant la Covid, quand chacun a commencé à se mettre 5 cl d’alcool sur les mains toute les heures, la donne a un peu changé. Alors que des milliers d’entreprises ont vu leur chiffre d’affaires réduit en cendre (hors aides), Salveco a doublé le sien. La crise, une belle opportunité, donc.

Autre exemple, la startup Inyus incubée à Quai Alpha (Epinal) a vu sa clientèle grandir très vite ces derniers mois. Pour l’instant, les bâtiments tertiaires (collèges, lycées, bureaux, etc.) sont chauffés de 9h à 18h dans leur totalité que les salles soient occupées ou non. Les couloirs sont chauffés à la même température que les salles de classe. Un non sens écologique et économique pour laquelle il n’y avait pas beaucoup de solutions, mais Inyus est venu apporter sa pierre à l’édifice en plaçant des têtes connectées sur les chauffages, reliées à un logiciel qui permet de savoir si les salles sont occupées ou non et donc de ne chauffer que ce qui doit l’être. En l’occurrence, cela représente 15% d’économie d’énergie, ce qui arrange pas mal de monde en ce moment.

Coqli, startup spécialisée dans l’emballage carton personnalisable et sur-mesure, a elle aussi bénéficié d’un effet levier pendant le Covid. Le e-commerce a explosé, les besoins de boîte en carton pour envoyer ses colis aussi. Avant, seul le poids des colis comptait quand on les envoyait. Mais désormais leur volume ajoute un surcoût pour l’envoyeur et cela a créé une opportunité supplémentaire pour Coqli qui propose du sur-mesure. Il n’en reste pas moins que la matière première a aussi vu ses prix fluctuer en raison de la crise et que l’entreprise a dû intégrer ce paramètre instable. En même temps, comme elle consomme moins de carton et fait moins de chutes, elle réalise quelques économies.

N’oubliez pas quand vous vous lancez que d’autres entreprises sont déjà sur les rails et qu’elles auront toujours des besoins, y compris pour passer ce mauvais cap. Que peut-on inventer pour soulager leur trésorerie, améliorer leur productivité, leur faire payer moins de facture d’électricité, etc. ? Pour les consommateurs, allez-vous inventer un service qui leur redonnera par exemple du pouvoir d’achat ? Ma génération se souvient de l’arrivée de Blablacar, qui nous a permis malgré un contexte déplorable en 2008 (difficulté pour trouver un emploi, baisse des salaires, etc.) de voyager à moindre frais. Système D. Que l’entreprise ait trouvé son modèle économique est un autre débat, mais elle avait trouvé son marché alors que la consommation globale était loin d’être en hausse.

La question n’est donc pas de savoir si vous devez entreprendre mais plutôt de bien analyser dans quoi vous vous lancez et est-ce le moment pour ce business-là. Cette phrase est d’ailleurs vraie dans n’importe quel contexte. Oui, la crise rebat les cartes, mais pas forcément en votre défaveur. Néanmoins, l’accès aux financements risque effectivement de se tendre, l’inflation est toujours là et les coûts de vos structures seront sans doute modifiés. Il est donc important de checker, peut-être plus que d’habitude, le time to market, vos marges et votre roadmap, entre la conception du projet et son lancement commercial. Comme pour tout, sachez vous entourer et chercher les bonnes infos avant de sauter dans le vide 😉