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La vision de la VR de Meta est bloquée dans le passé

Meta n'arrête pas de promettre que la VR sera notre futur, mais tout ce que l'entreprise nous a montré jusqu'alors n'est qu'une réitération de choses existantes.

Meta à la poursuite du lapin blanc ?

Après nous avoir rassuré que tout allait bien dans le Metaverse, l’événement « Meta Connect 2022 » de ce 11 octobre nous confirme une chose que l’on craignait : ce que l’entreprise compte nous proposer en l’état actuel des choses, est de singer une réalité de laquelle on chercherai à s’échapper en utilisant les produits de la marque.

L’exemple le plus « amusant » de ce non-sens est la nouvelle possibilité d’entrer dans un environnement Meta VR par le biais d’une intégration sur un site web. Une curiosité décrite comme pouvant être la première façon pour beaucoup de gens d’expérimenter un environnement virtuel.

Difficile de savoir par où commencer… Accepter (sans doute de façon déprimante, en interne) que le matériel VR à 1000 $ n’est sans doute pas bien adapté et que la plupart des gens ne se donneront pas la peine d’essayer ? Ou l’idée même qu’un environnement 3D partagé serait une nouvelle expérience ? Ou bien encore qu’il s’agit de quelque chose que les gens veulent vraiment faire ?

Les utilisateurs de ce genre de technologies partagent des environnements virtuels depuis des décennies. Sur un écran normal, ce n’est pas différent de Second Life ou de World of Warcraft, ou de n’importe quel autre jeu ou plateforme populaire qui a fait son apparition (et réapparaît) au fil des ans. La différence est que ces jeux avaient une raison d’être : être un jeu dans lequel vous pouvez progresser et partager des centaines d’heures d’expériences uniques, par exemple.

L’environnement de Meta, ce n’est que ça : un environnement. Il est difficile d’imaginer pourquoi quelqu’un voudrait participer via cette interface web, à moins qu’il n’ait aucune autre option. Meta a même eu du mal à convaincre ses propres employés de le faire, la plupart n’ayant même pas le matériel nécessaire chez eux, ou à leur bureau.

Et pendant ce temps, la plupart des gens attendent que la VR trouve un prix raisonnable, plus proche d’une console de jeu ou d’un ordinateur portable. La présentation de Meta n’a pas vraiment été porteuse de bonnes nouvelles sur ce point là non plus (avec l’annonce de son Meta Quest Pro, vendu au prix prohibitif de 1800€).

En fait, il y a eu une tentative de réintroduction déconcertante d’une idée que l’on pensait abandonnée depuis longtemps : le bureau virtuel.

Meta a recréé un bureau virtuel, d’une manière qui ne présente aucun réel avantage : vous pouvez avoir une moins bonne expérience de la lecture des e-mails ou des appels vidéo, ou jouer à des jeux et regarder des films sur un écran moins bon.

La plupart des choses que les gens considèrent comme acquises, comme le multitâche sans effort, le passage rapide de la souris à la saisie au clavier, la compatibilité facile entre les applications et les sites Web, n’existent pas dans la Réalité Virtuelle. La question qui se pose alors est : Slack ou Teams seraient-ils meilleurs ou pires sur ce bureau virtuel ? Comme pour presque tout, la réponse est pire.

Les réunions virtuelles, avec vos collègues assis en cercle autour d’une table de bureau fictive, semblent tout droit sorties d’un mauvais rêve. L’élément le plus révélateur a même été d’admettre que les subtilités de l’expression humaine sont importantes pour la communication (le sourire ou la posture unique de quelqu’un, un moment de contact visuel lorsque le patron gâche une ligne dans une présentation…).

Leur solution est, comme presque tout ce que fait Meta, techniquement impressionnante, mais complètement à côté de la plaque. Le nouveau casque Meta Quest Pro suit les expressions faciales et le regard de son porteur, ce qui signifie qu’il peut les reproduire de manière réaliste dans un environnement virtuel sur vos nouveaux avatars (qui possèdent maintenant des jambes : fini le corps tronqué au niveau du buste), mais cette reproduction de la réalité reste plutôt décevante. 

Les réunions en VR seront peut-être meilleures avec cette technologie de tracking des expressions que sans, mais toute réunion en VR est toujours pire qu’une vraie réunion, et une décision que personne, y compris les fidèles de Meta, ne ferait régulièrement s’ils en avaient le choix.

Comment dire Mark… On est pas convaincus…

Des avantages difficiles à cerner

De plus, le travail à long terme dans la VR n’a pas vraiment de sens dans la plupart des cas, comme Meta l’a admis sans le dire explicitement. 

Le nouveau casque Quest Pro dispose en fait d’œillères amovibles pour que vous puissiez voir le monde réel dans votre champ de vision périphérique, afin de prendre des notes ou d’attraper votre café… Heureusement, vous n’aurez pas à vous en soucier, car l’autonomie de la batterie sera très limitée : même si votre patron voulait que vous soyez en réunion virtuelle toute la journée, le casque tomberait en panne avant votre pause-déjeuner.

C’est assez ironique lorsque l’on sait à quel point la VR peut être une technologie très puissante, comme toute personne qui l’a utilisée ne serait-ce qu’une fois pourra en témoigner. Mais Meta, son plus grand promoteur, ne semble pas savoir quoi en faire au-delà de « ce que vous faites déjà en vrai, mais en pire ». 

La conférence de ce 11 octobre semblait vouloir chercher toutes les applications possibles de la VR à des activités du quotidien au bureau, si ce n’est à la différence d’apparaître sous la forme d’un avatar et de rendre l’accomplissement de toute tâche bien plus pénible.

Est-ce là véritablement l’avenir de la VR promis par Meta ? On ne l’espère pas, mais à en juger par l’incapacité de la société à innover à grande échelle au cours des dernières années, elle pourrait bien ne pas être capable de trouver la réponse à cette question.